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Michèle CORTI

N'en déplaise à Perrault


La pauvre Cendrillon, auprès du feu, rêvait :
Trouverait-elle un jour, chaussure pour son pied ?
Qui viendrait la chercher dans cette humble cuisine
Où venait néanmoins le chat de la voisine,
Un chat gras et finaud, caressant et charmeur,
Aux bottes bien lustrées et aux grands yeux rêveurs...
Eh, oui, le Chat Botté logeait tout auprès d'elle,
Et il aimait, bien sûr, la douce demoiselle
Qui du soir au matin demeurait au logis,
Travaillant pour ses soeurs, et sa marâtre, aussi !
Pas de beaux escarpins pour cette tendre enfant,
Ni même de souliers ni de beaux vêtements.
Assise au coin du feu et remuant les cendres,
Elle était toujours sale, il fallait s'y attendre !
Dans ses petits sabots, il y avait de la paille,
Et son fichu de laine avait perdu ses mailles,
Mais le Chat l'adorait, et aurait tout donné
Pour, un jour, en un prince charmant se changer !
La fée, heureusement, en marraine astucieuse
Veillait sur Cendrillon, cette enfant consciencieuse,
Et voulait son bonheur, et comme on la comprend :
Elle aimait Cendrillon comme on aime un enfant.
Un beau soir, le matou ayant quitté ses bottes
Se blottit près du feu, se cacha sous la hotte,
Tandis que Cendrillon vaquait à son ménage
Et qu'au dehors, le ciel annonçait un orage...
BIentôt, les éléments, furieux, se déchaînèrent.
La pluie, le vent, la grêle et surtout le tonnerre
Ebranlaient la maison, faisaient battre les portes,
Mais qu'avait donc le vent à mugir de la sorte ?
Cendrillon, effrayée, appela son ami
Qui dans l'âtre bien chaud, paraissait endormi.
Un coup de vent subit éteignit la chandelle
Et un énorme éclair pourfendit tout le ciel...
Lors, la foudre tomba dedans la cheminée
Où le Chat assoupi fut soudain réveillé,
Et, la sentant émue, vint vite caresser
Les chevilles et les pieds de sa belle adorée.
Celle-ci mit sa main sur le poil de la bête,
Mais en place du Chat, elle vit une tête
Qui frôlait ses genoux, et poussant un grand cri
Se sauva dans un coin, lorsqu'elle vit surgir
Le plus beau damoiseau que la terre eût porté,
Se tenant à genoux, ici-même, à ses pieds !
Un pourpoint de velours parait élégamment
Le jeune homme éperdu, au regard adorant.
Cendrillon eut un doute en voyant les moustaches,
Mais elle comprit tout, en contemplant les taches
Qui parsemaient les yeux de son bel amoureux
Et reconnut son chat : c'étaient les mêmes yeux !
Puis, quand il ronronna à son cou, tendrement
Elle put savourer le doux enchantement.
La Marraine, elle aussi ravie, riait beaucoup
En voyant la jolie dans les bras du matou.
Elle savait pourtant qu'elle y vivrait heureuse :
De loin, elle bénit l'amoureux, l'amoureuse...

Marcek 8 janvier 2003