Le printemps commençait par lancer ses grenailles De grêle froide et blanche au revers des talus Il tourmentait aussi et mettait en bataille Les blanches floraisons des arbres demi-nus.
Puis il jetait au bois des bouquets de violettes Et il jonchait les prés de grands parterres bleus Où les scilles joyeux agitaient leurs clochettes Quand venaient s'égarer les pas des amoureux...
Les bourgeons se gonflaient aux promesses des feuilles, Et tous les noisetiers se brodaient de chatons ; C'était le temps béni de ces fleurs que l'on cueille Quand s'égarent les mains sous de tendres jupons !
De ce temps j’ai gardé les parfums et les fièvres Et lorsque chaque année s’en revient le printemps J’ai le cœur qui sourit, quand je trouve à tes lèvres La saveur et le miel de nos baisers d’antan…