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Michèle CORTI

Le pénitent

Dans l'ombre de l'église, est exposée la croix,
Lourd fardeau de douleur au dos du Pénitent,
Qui, aidé par le Christ, va proclamer sa foi
Lorsque viendra la nuit des plus affreux tourments.

Dans ce village Corse (un des plus fiers, dit-on),
A Sartène, le soir, on revit la Passion,
Et la foule fervente qui envahit les rues,
Chante et prie ardemment quand la nuit est venue.

Aux fenêtres, partout, s'allument les bougies,
Petites flammes douces en cette sombre nuit
Où l'on repense à Dieu venu parmi les hommes:
Au Christ, à ses souffrances, à sa mort qui nous sauve...

Un frisson me parcourt, lorsque je pense à toi,
O Sartène, brûlant d'une vivante foi,
Entourée de tes murs de granit si austères
Elevant vers le ciel ces poignantes prières!

Nous prenons le chemin qui mène au Golgotha,
Nous montons lentement vers la place Porta,
Nous parcourons les rues de la vieille cité:
Le Christ est devant nous, en son humanité.

Il revient cette nuit, en cet homme masqué
Ecrasé par la croix et les chaînes au pied,
Qui revit la Passion, ses douleurs infinies
Les affres de la mort, en cette longue nuit.

Une froide sueur s'écoule de son front,
Semblable à la sueur que tous nous essuyons
Sur le front des aimés proches de l'agonie,
Qu'on aide, qu'on soutient, et pour lesquels on prie.

Ses pieds sont écorchés par les rudes pavés,
Et le sang se déverse, et son dos est brisé
Par le poids de la croix, ses jambes sont meurtries
Par les chaînes qu'il traîne et tire sans un cri.

La foule se bouscule et le suit pas à pas
Les chants sont lancinants, ils ne s'arrêtent pas...
Tombe le Pénitent: aussitôt, l'on s'empresse
De secourir Jésus en infinie détresse.

O, Sartène, alanguie le jour, sur ton balcon,
Ouverte face au ciel, la mer pour horizon,
En ce soir ténébreux, tu rejoins le mystère
Où le Christ généreux meurt pour nous sur la Terre.