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Michèle CORTI

Le dindon de la farce (1e partie)

« Quoi, qu’avez-vous donc dit ? » s’offusquait la faisane
Répondant vertement au fastueux dindon
Qui derrière le dos de la brave paysanne
Venue leur apporter la provende à foison

Essayait, mais en vain de lutiner la poule
En lui offrant son cœur niché sous un jabot
Arrogant, orgueilleux qu’il montrait à la foule
Des poules assemblées et qui le trouvaient beau…

Seule, notre futée le voyait ridicule
Enflé de vanité autant qu’un coq, ma foi,
Et même le violet foncé des caroncules
Du vaniteux dindon, provoquait son effroi !

« Fi donc, monsieur, rétorquait la mignonne
Aux propos licencieux du butor emplumé,
Je n’ai pas la pudeur ni l’âme d’une nonne
Mais vos gestes grossiers, votre voix enrhumée

Altèrent mes ardeurs ( si tant est que j’en eus)
Sachez que pour aimer, il faut de la tendresse
Vous êtes un soudard : ah, n’y revenez plus ! »
Et la poule parvint avec délicatesse

A échapper enfin au dindon glougloutant
Dont la sombre livrée faisait piètre figure
En ses plumes de deuil d’un noir désespérant
A côté d’un pourpoint rebrodé de dorures !

(Mais quel est ce pourpoint dont vous nous parlez-là ?)
Imaginez un peu que cette pimprenelle
Vivant au poulailler et ne s’y plaisant pas
Lorgnant le coin du bois d’une triste prunelle

Aperçut un matin, un vrai prince charmant :
Un faisan, en effet, mâle des plus superbes
Voyant au poulailler s’étioler doucement
La faisane jolie, s’aventura sur l’herbe

Tout près de cet enclos où l’humble créature
Subissait les assauts du vieux libidineux.
Ah, faisane chérie, sur ma tête, je jure
De t’arracher un jour à ce destin honteux !

Parle ainsi le galant et faisane se pâme
Et nos deux amoureux tous les deux enflammés
Accordent leurs pensées et enlacent leurs âmes,
Leurs destins s’épousant, se liant à jamais …