Passant par là Une avocette Lui fit un jour tourner la tête ! A qui ? Mais au mâle vainqueur Bien sûr ! Attiré par ses courbes fines Par le jabot de sa poitrine Il ne se tint plus de ferveur L’aborda Lui offrit son cœur Gagea qu’elle était innocente Et lui fit une cour pressante… L’avocette se rengorgea Mais se garda de lui montrer Combien elle était attirée ! Ainsi procèdent les coquettes… Pour innocente qu’elle était Notre avocette comprenait Qu’on ne se rend pas tout de suite Aux compliments De ses galants Qu’il faut une cour honorable A toute relation durable ! Le galant eut à se languir Et aussi à bien se tenir « On n’est pas une poule d’eau Monsieur ! » Dit-elle le prenant de haut ! Et plongeant son bec effilé Dans l’eau , d’un air décidé Elle fit mine d’ignorer Les approches de ce benêt. L’ardeur du benêt En grandit De jour en jour ! A la mairie Il rêvait d’amener sa belle A laquelle il resta fidèle Avant l’ardeur des doux ébats Auxquels il la pressait tout bas.
Enfin dans une eau peu profonde Un jour de printemps langoureux Ils refirent à deux le monde Livrés à leurs jeux amoureux Il n’y eut plus qu’à faire le nid A deux Sur la rive bénie Où la rencontre avait eu lieu Aux berges du printemps radieux !
Moralité :
Sachez, mes belles demoiselles Défendre vos tendres joyaux Pour que votre amant soit fidèle Tenez-lui donc le bec dans l’eau !