Berthe enfilait son tablier Rentrait dans la sall' du café Essuyait le zinc du comptoir Versait quelques pleurs dans le noir Et se tapait un petit noir
Puis elle remontait le rideau Du p'tit bar au patron Léo Dans la rue, commençait l' trafic Et les rumeurs d' la rue Lepic Un air vague d'accordéon Mordait le cœur comme un poinçon Berthe sentait dans sa poitrine Gronder une âme serpentine
C'était comme ça tous les matins Ouvrir le bar, même train - train La Berthe, elle en avait sa claque Partir, mon Dieu, loin d' ce cloaque Toinou lui faisait les yeux doux On disait qu' cétait un marlou Mais elle, elle n'y croyait pas C'était chouette au creux de ses bras ! Ils partiraient, il l'avait dit Rejoindre à Tanger des amis...
Berthe lève vers le ciel gris Des yeux qui ne sont plus surpris Oui, elle ira jusqu'à Tanger Sa vie pourra peut êtr' changer Son chiffon traîne sur le zinc Tandis qu'ell' rêve à son destin