Quand la vache à lait tond l'herbe de la prairie Le bœuf et le mouton l'admirent à l'envi Adorant de son pas, l'allure souveraine « Bêêêê dit le doux mouton, tu seras notre reine »
Il est vrai qu'un mouton est vraiment trop petit Pour accéder au trône et régner sans encombre La vache, en majesté sous le ciel de midi Rayonne, et tous voudraient se ranger à son ombre !
Du côté des puissants, la vache à lait s'aligne A la ferme, qui donc pourrait rivaliser Avec sa probité, pas le canard indigne Qui dans des eaux croupies se plaît à barboter !
Pas la chèvre non plus que l'on juge retorse Et qui trop s'agitant se fit hier une entorse Peu compatible au sort d'un monarque éclairé Incarnant le pouvoir en toute majesté
Et le paon, voyez vous le paon roi en ces lieux ? Il ruinerait l'Etat en miroirs dispendieux Exigerait de tous sourires et courbettes Mon Dieu, mon Dieu comme le paon est bête !
Il fut donc décidé de mettre sur le trône La vache au front puissant que ses cornes couronnent Dont la simplicité est un gage de paix : Les hommes sont bien sots, élisant roitelets !