Abattus et brisés, avez-vous vu les arbres ? Béante est la forêt, et ses fastes perdus ! C'est le vent déchaîné qui les a tous détruits ! Démon impétueux, créature macabre Et qui souffla, rageur tout au long de la nuit ! Frênes de nos forêts, qu'êtes-vous devenus, Géants aux bras lancés en ultimes prières Hêtres, dont les oiseaux s'élançaient vers les nues Ivres de liberté et de joie printanière J'ai vu autour de moi s'inscrire le désastre: Kermès déchiquetés aux feuilles torturées Lançant leur désespoir vers les tristes nuées Mélèzes chancelants ou effondrés à terre Noyers déjà mourants ! Et des larmes amères Ont coulé de mes yeux contemplant la forêt Privée de sa beauté, comme déshonorée ! Quel sort, quel sort cruel s'est abattu sur nous Reverrons-nous un jour ces arbres relevés Saurons-nous protéger la forêt des désastres ? Terrible est la nature en ses emportements : Une nuit peut suffire à ôter de la terre Vingt années de labeur. O sublimes palmiers Washingtonias radieux ondulant sous le vent, Ximenias qui ornaient les serres des savants, Yuccas majestueux et qui poussaient en nombre Zizyphe élégants, je pleure sur vos ombres !