Frédo tuait le temps, même, il l'assassinait : Faisant dans la journée des siestes prolongées Se levant chaque jour à l'heure où chacun dîne L'oeil bouffi et hagard, de très mauvaise mine Traînant bas la savate et crachant ses poumons N'écoutant pas Léa lui passer un savon !
Le temps passait pour lui comme rivière coule Il buvait son vin blanc en dégustant des moules Puis , en fin de journée, roulait au pastaga Après s'être ruiné au bureau de tabac.
Les femmes et le jeu, quelques trafics très louches Lui payaient le caviar, le soir, à pleines louches Et le temps qui filait, filait alors très doux Pour ce beau souteneur aux grands airs de voyou
Mais le bon temps passa, qui changea la musique : Il est un temps pour tout, le temps nous est compté Surtout lorsqu'on s'esquinte à flouer les condés Et à mener longtemps la vie à grandes guides Il vient un jour où, vieux, on s'expose à un bide !
Frédo finit son temps dans un petit chariot Où, sous quelque coussin il planquait des mégots Ressassant le bon temps où le temps filait doux En costard de cachemire et sous son chapeau mou !
