Doux délire
La fantaisie me plait, et souvent, sans façon,
Je laisse librement parler mes électrons
Au risque de choquer les personnes rangées!
Peu importe , après tout, car j'aime délirer...
Oui, je suis faite ainsi: j'enfourche le dada
La bride sur le cou, je m'en vais où il va:
Au pays des bons mots, des contrepèteries
Et autres voluptés de la langue qui rit!
Pourquoi donc la bouder cette langue si belle?
Fertile autant que fut la déesse Cybèle !
J'aime me perdre un peu, et même tout à fait
Dans le creux de ses bois, le vert de ses forêts.
Les mots sont mes amis, j'aime les côtoyer,
Les flatter, les aimer et les serrer de près.
Ils sont bons à goûter, ils roulent dans ma bouche
Se refusent à moi parfois, ô fines mouches
Pour mieux me retrouver, me combler, m'enivrer
Et surgir sous ma plume en flots désordonnés.
Je ris de les sentir coller à mes idées
Et pour mieux les servir, parfois les devancer !
La troupe impétueuse envahit mes pensées :
"Tiens , que faites-vous là, êtes -vous si pressés?
Holà, messieurs les mots, arrêtez-vous un peu,
Je vous offre céans asile, au coin du feu !
Et si l'inspiration souffle un peu sur la braise
Vous vous réchaufferez et j'en serai fort aise !"
Ils m'entraînent souvent loin des sentiers battus
Et mes alexandrins s'offusquent, un peu perdus...
Mais non, ne craignez rien, ils ne sont pas vulgaires :
Au plus fort du délire ils gardent leurs manières !
Car je suis faite ainsi, si j'aime les mots crus
Ma plume les évite et garde sa vertu!
Marcek 9 avril 2003
