La culpabilité a sonné à ma porte En ce jour de janvier, que le diable m'emporte Mais suis-je donc un monstre et ne savais-je pas Que tuer les animaux cela ne se fait pas? Je décide à présent de ne plus consommer Ni lapin, ni cochon, ni aucun de ces mets Qui faisaient autrefois saliver mes babines Je serai anémiée, j'aurai mauvaise mine Mes cheveux et mes dents tomberont à loisir Mais tant pis: aujourd'hui, il me faut en finir Arrêter ces délits, ces crimes, ces carnages Et ne plus proférer ces ignobles outrages Envers les animaux innocents et benêts Qui vont dès aujourd'hui chez nous proliférer Les forêts envahies par des hordes barbares De vaillants sangliers comme en un hall de gare Se rempliront de cris, clameurs épouvantées Quant sur nous chargeront ces valeureux guerriers! Les oies déchargeront leurs fientes innombrables Sur les plages dorées autrefois admirables Et qui bientôt souillées en d'horribles magmas Feront fuir les enfants comme des scélérats! Ah, les rats, parlons-en: allons nous les tuer? Que nenni: ils viendront satisfaits, par nuées Ronger nos pieds de lits , jusqu'à nos couvertures Et nous envahiront ! Oh la belle aventure Dans un monde nouveau où l'homme pitoyable Cèdera sans regret pour coucher à l'étable Son lit ,au boeuf repu d'avoir tout dévoré: La salade au jardin, et le chou au cellier! Mais ce n'est pas fini: les oiseaux en colère Seront là par milliers à notre heure dernière Ils crèveront nos yeux et mangerons nos foies Avec délectation! Tant pis pour nous , ma foi Depuis l'éternité, l'homme tue sans pitié Ces semblables d'abord, il ne peut le nier Et puis les innocents qui n'ont pas la parole Qui pieds et becs liés sont parqués dans des geôles Où ils passent leurs jours à se faire engraisser Sans autres horizons que la rue des bouchers! Bon, je m'arrête là, c'est apocalyptique Mais ce sera un jour, hélas bien véridique! Et je vais de ce pas penser à mon repas Sans viande ni poisson...je n'y survivrai pas!