Comme les CHINOIS
Nous, les Européens, sommes un peu coincés :
On n’ose demander si l’autre a déféqué,
Alors que les Chinois, dans leurs salutations,
S’informent, très courtois, de vos défécations.
Un poète, avant tout, doit rester éclectique
Et si j’écris pour vous bien des pages lyriques,
J’aime aussi adopter un ton rabelaisien,
Voire scatologique et qui ne cache rien.
Pas de fausse pudeur, un ton franc, sympathique
Pour parler de transit ou de quelque colique
Qui sont le sort commun à nous tous, les humains
(Pas besoin de me regarder avec dédain !)
Prenons, pour débuter, la plus belle aventure :
Celle du cabinet, des chiottes à la turque
Où l’on peut à loisir se baisser, s’accroupir
Sans salir son fessier auprès d’une eau croupie !
Mais si vous préférez la belle porcelaine,
Froide aux fesses de Jean, comme de Madeleine
Et si vous en rêvez, on peut le concevoir,
Quand vous êtes pressés d’y aller vous asseoir…
Vous sentez, descendant de ces braves entrailles
Qui, sans cesse pour nous s’escriment et travaillent ;
Un étron bien moulé, un bronze délicat
Que, lorsqu’on est enfant, on appelle caca
Si la défécation apporte volupté
Aux ventres généreux respirant la santé,
Il n’y a point de plaisir pour ces natures sèches
Qu’on nomme « constipées », qui retiennent leurs fesces.
Ayez une pensée émue à leur égard
Ne les châtiez point d’un dédaigneux regard.
Pensez que, tous les jours, ils se prennent la tête
Pour aller s’escrimer en vain sur la cuvette.
Ne leur détaillez point vos belles productions
Atténuez les gaz qui suivent l’expulsion,
Taisez même le bruit du pipi qui ruisselle,
Accompagnant parfois l’éjection de vos selles !
Et si, tout guilleret, vous sortez, le matin,
Du charmant édicule édifié au jardin
Et qui vous cache à tous, de son unique porte,
Montrez-leur un sourire heureux, qui réconforte
Car il n’est pire mal que celui qui retient
Dans un ventre serré, les reliefs d’un festin
Et qui, toute une vie, tracasse sa victime
Alors que vous, vivez des expulsions sublimes.
