Ah, ma petite Elise, assise sur le banc Devant le presbytère, où nous jouions enfants Je revois ton sourire et ta peau de satin Et des yeux lumineux, d'un bleu azuréen.
Ce massif d'Impatiens, tout près, je le revois Dont à maturité, nous éclations les fruits : Exquise volupté de sentir sous nos doigts Eclater le ressort, voir les graines qui fuient...
Ah, notre tendre Elise et ses rires joyeux Assis à tes côtés, on se sentait heureux Car tu nous aimais tant, chère petite Elise! Tu nous menais souvent au secret de l'église
Tu sonnais l'angélus, mélodieux carillons Et dans la sacristie, peureux, nous chuchotions. La lumière voilée aux verres des vitraux Projetait sur le sol de mystérieux signaux,
Et le coeur de Jésus brillait dans la pénombre. Derrière les statues, se devinaient des ombres... Au parfum délicat des cierges qui brûlaient Je voyais quelquefois le ciel qui s'entrouvrait.
Mon petit coeur battait si tu lâchais ma main, Mais dès le seuil franchi, je courais au jardin Qui entourait l'église, et respirant les buis Me reprenaient l'ardeur, la chaleur de la vie.
Je revois tes yeux bleus, o si charmante fée Qui berça mon enfance, o ma chère Mémé! Quand les buis au jardin exhalent leur senteur Ils m'amènent vers toi, en ces jours de bonheur...