En ce temps-là, les femmes avaient de la vertu Mais je parle, bien sûr, du temps de ma grand-mère ! Et dans chaque mari il y avait un Cerbère Qui souhaitait éviter les cornes de cocu.
On respectait beaucoup les belles demoiselles Qui sortaient de la messe, émues, à pas menus, Mais les gars connaissaient toujours quelque donzelle Prête, au creux d’un buisson, à perdre sa vertu.
Bien des femmes arrivaient, véritables oies-blanches, Dans le lit conjugal où l’« ignoble mari » Se repaissait enfin de leur chair innocente : L’oreiller étouffait leurs larmes et leurs cris !
Si le mari, butor, froissait ces âmes pures, Il s’exposait, souvent, et de façon très sûre A l’atroce migraine, aux vapeurs, aux douleurs Qui freinaient peu à peu ses brutales ardeurs.
Alors, il recherchait l’âme compatissante Qui saurait apaiser l’ardeur concupiscente Et partait, guilleret, l’œillet à son revers Assouvir ses désirs en quelque lit pervers.
L’épouse demeurait, élevant ses enfants, Tranquille en ses travaux, cuisinant et cousant, Tout en fermant les yeux sur l’époux infidèle Qui ne saurait jamais caresser ses dentelles !