La courgette alanguie sous ses feuilles puissantes A la terre durcie demande la fraîcheur, Le concombre est flétri, la chaleur écrasante Lui donne la migraine et le met en sueur
Le poivron, dégourdi, s’enveloppe de peau Épaisse et vernissée, qui bien sûr fait écran A ces rayons ardents qui tombent sur le dos Du cerfeuil assoiffé, du persil pantelant .
Les haricots, malins, se cachent sous l’ombrage De leur feuillage dru, commode parasol . La coccinelle y vient faire de beaux carnages De pucerons mielleux, qui, eux, n’ont pas de bol !
Mais la mûre, par contre, adore la chaleur Et la tomate aussi offre ses fesses rondes Les expose au soleil, sans aucune pudeur Sa chair la protégeant, où le jus surabonde
Le thym et le laurier exhalent leurs senteurs Rivalisant d’excès avec la folle menthe : C’est à qui lancera le plus loin ses odeurs Pourtant la discrétion est qualité charmante !
Le feu du ciel insiste et, sur le jardin cogne La terre brûle au pied des salades prostrées La limace fourbue, l’escargot, se rencognent La fraise s’avachit, l’épinard est défait ...
On ne voit plus briller la perle des groseilles Qui, flétrie à vue d’œil tombe, ratatinée Et succombe soudain sous le dard des abeilles Venues en bataillons pour mieux l’exterminer !