Joli moulin, posté en attente du jour, Tu contemples le ciel et ses nuages lourds Où Séléné la belle a mis une clarté Qui coule sur tes pierres, en voiles éthérés.
Tu somnoles, on dirait, fatigué du labeur, Et la lune enchantée, t’entoure de douceur Elle vient saupoudrer tes flancs de sa lumière, Elle bleuit tes murs et caresse tes ailes…
Deux arbres silencieux se tiennent près de toi, Ils craignent cet envol que, peut-être ils prévoient. Pourraient-ils t’arrêter, si par divin mystère Tu montais jusqu’aux cieux, t’arrachant à la terre ?
Oui, tu voudrais partir, mais elles te retiennent Ces ailes crucifiées qui refusent l’envol Alors que tu voudrais te libérer des chaînes De ce cruel destin qui t’a cloué au sol.
Le vent soufflera fort, demain sur la prairie, On entendra la meule écraser avec bruit Les grains de beau froment, la graine aussi dorée Que le visage doux de ta lointaine aimée…