Lorsque est venu le soir, au village qui dort, Que luit sur le clocher, la lune, larme d’or Mon âme solitaire et lasse, vous rejoint Ames de nos défunts, et vous pleure et vous plaint.
Où êtes-vous, tous ceux vers qui vont nos prières Et dont les pauvres corps retournent en poussière ? Etes-vous dans le vent glacé des nuits d’hiver Qui gémit aux maisons, vos doux abris d’hier…
Etes-vous dans la vague affolée qui se brise Et s’enrage soudain de n’être pas comprise, Recouvre les rochers en nappes écumantes Où résonne l’écho de vos cris d’épouvante…
Peut-être est-ce le feu qui consume vos âmes, Et je vois des brasiers, des bûchers et des flammes, J’entends des voix, des cris, des plaintes infinies, Je frissonne et je pleure aux douleurs de vos nuits !
Mais non, je ne peux croire à ces visions d’horreur Je vous veux éternels, je vous vois en mon cœur Heureux et lumineux dans le jardin d’Eden : Vous marchez, apaisés, au plus beau des matins…