De toutes les grives mignonnes Que je fréquentais au printemps J’ai adoré Louise Bonne Son pied leste, ses jolies dents Dans le doyenné du Comice Je l’avais un jour courtisée Elle avait réveillé mes vices S’employant à les attiser Nous roulions en Packam Triumph Menant la vie à cent à l’heure Je la conduisais en triomphe Sur la grand route du bonheur Nos amours furent éphémères Pour Guyot elle me quitta Je trouvai la pilule amère Mais un autre amour arriva Ma Louise Bonne d’Avranches Ne fut plus qu’un fol souvenir Je pris aussitôt ma revanche Et s’éclaira mon avenir Avec la douce Alexandrine Douillard (ainsi l’appelait-on) Qu’elle était belle sa poitrine Ornée de si charmants tétons ! Enfin bref, elle était divine Beurré Giffard en fut jaloux Quand je présentai la coquine Et qu’il tomba à ses genoux Le Général Leclerc lui-même En pinça pour ma dulcinée La saluant, il devint blême Et ce n’était pas du ciné ! Mais il partit en conférence Jugez de mon soulagement S’il avait fallu, pour la France Obéir au commandement ! Entre la poire et le fromage Au repas qui nous fut servi Je vis qu’il trouvait bien dommage Qu’Alexandrine eût le cœur pris ! Nous déguerpîmes sans trompettes Ni tambours, après le dessert Je tenais trop à ma conquête Et je jouai la fille de l’air ! Ah mon dieu que la nuit fut douce De retour à notre logis Blotti dans les bras de la rousse Qui allait partager ma vie Nous allâmes chez le Notaire Lepin tous deux le lendemain Afin de traiter nos affaires Cœur à cœur et main dans la main Elle n’était pas une Marquise Je n’étais pas Louis Pasteur Mais je trouvais à ma promise Grandeur, dignité et douceur. Poire d’amour fut dégustée Mais je vous tairai par pudeur Au lit de la virginité Le grand éclat de nos bonheurs !