Je l’ai vu s’asseoir à une table voisine, Fumer un cigare, lire son magazine. N’étant qu’un inconnu ayant croisé sa route, Il ne m’a pas reconnu, semant en moi le doute. Pourtant je savais en le dévisageant, Que pour lui j’étais bien plus qu’un manant, Qu’un vague souvenir d’un passé incertain, Ayant dû le maudire, faute de lui prendre la main. Devais je l’apostropher ou me taire à jamais? Dans mes silences l’aimer comme de si rien n’était! Ou alors lui écrire une lettre passionnée, Tendant à lui décrire mon enfance abîmée. Il a pris un café, sourit à une môme Venue lui proposer quelques roses d’aumône. Puis une femme est venue, à son cou s’est jetée, Amoureuse éperdue, l’a couvert de baisers. J’avais, il est vrai, envie de me lever, D’aller le rejoindre, pour ne pas dire paraître, De tout lui dévoiler sans me révolter Et surtout le convaincre de me reconnaître. Préférant lui laisser cet instant de bonheur, Je me suis éclipser, la douleur au cœur.
