C’est au printemps dernier que nous nous sommes rencontrés. Tu étais jeune et beau, élégant et bien coiffé. Moi j’étais un peu plus vieille que toi d’une année. C’est près de cette rivière dans la clairière que nous nous sommes aimés.
Le soleil dardait ses rayons sur nos corps. Un après-midi passé dans ce magnifique décor. Seuls tous les deux, nos âmes resplendissaient. Le ciel clément, ourlé de bleu, alors nous encadrait.
Tu étais jeune soldat dans l’armée. Moi j’étais sténodactylo dans un bureau. Allongés tous deux sur le dos. Nous regardions les blancs nuages passer.
Nous étions apaisés après s’être donné. Aujourd’hui dans cette clairière tu reposes. C’était ton destin de finir la rose à ton gilet.
Ton beau corps est d’une raideur. Mais à jamais fraîche est la fleur. L’hiver dans ton linceul t’a conservé. Car tu es tombé le fusil à la main dans ce pré. Où jadis nous nous sommes aimés.
La guerre a sur son passage tout emporté. Elle détruit jour après jour l’amour. Souriant tu étais quand on t’a retrouvé. Je garde dans mon cœur ton souvenir à jamais.
