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Marie - France BEAUJEAN

Autant que je m'en souvienne

Autant que je m’en souvienne,
Vous étiez bonne comédienne.
Me faisant prendre des vessies
Pour des lanternes,
Vous m’avez servies
Balivernes.
Le matin, vous prétendiez vous rendre chez le Cardinal,
Et, le soir, par indiscrétion, vous vous rendiez à Versaille
Me faisant croire, que vous étiez amoureuse de moi,
Et, vous étiez la maîtresse du Roi.
J’étais prêt pour un seul baiser,
À mettre ma fortune à vos pieds.
J’étais à genoux, éperdu d’amour
Devant votre beauté,
Et vous me trompiez,
Sans aucun scrupule.
Que j’ai pu être incrédule!
Je n’étais qu’un pantin,
Que vous manipuliez entre vos mains.
A trop jouer avec le feu,
Vous vous êtes brûlée à ce jeu.
Et, emportée par la maladie,
Sur votre tombe aujourd’hui,
Se projette mon ombre qui rejoint votre image,
Gravée à jamais sur le marbre gris.
Tandis qu’immobile, je me prosterne,
Tombe sans arrêt la pluie
Qui ruisselle et me cerne.
En souvenir de ce temps,
Où j’étais amoureux
De ces yeux si doux et si bleus.

IRIS 1950