Sonate au clair de lune
Le triste orateur à voix basse, écrit les notes
De la musique imperceptible de son cœur
Comme un petit chanteur à Croix de bois dénote
Du regard éthéré, le suprême bonheur.
Son amertume ainsi, dans ses phrases remet
Aux points de peine des tirets de réconfort.
C’est la senteur délicate du mois de Mai
Qu’il veut retrouver près de sa Muse d’alors.
Sitôt les yeux perlés d’aurore matinale,
Sortant d’un doux rêve émerveillant son réveil,
Sur le pupitre, il épanche un flot machinal
Né de l’être ressuscité par son sommeil.
Vision neigeuse embrumée de mélancolie,
Ce délice profond tel un gouffre abyssal,
L’emporte très loin, transporté par l’hallali,
Bercé par le regard de l’image spectrale.
Qui que ce soit : père ou fille, aimés tellement,
Mère ou fils, adorés et pleurés tour à tour,
Sœur et fidèle épouse ou mari, frère aimant…
On a tous, une fois, un vide pour toujours.
Alors le poète en silence essuie ses pleurs
Sur la page blanche inanimée qu’il réchauffe
D’un coup de crayon, de syllabes en couleurs,
D’un rai de chaleur, d’un message sain et sauf.
Lettres et souvenirs se noient dans une danse
Parfumée de nostalgie. Tôt revient l’émoi
De l’enfant qui naît, qui remet tout en cadence
Dans la maison, par ses rires vibrant de joie.
La roue tourne en laissant à chacun ses chagrins,
L’un revient, l’autre part, à l’endroit, à l’envers !
L’extase égaie la vie mais s’égare en chemin,
L’enchanteur blessé compte les pieds de ses vers…
Troubadour, ménestrel et rêveur silencieux,
Bannissez les bémols de vos longues tourmentes,
Accordez à vos rimes des sons mélodieux,
À vos stances lyriques, des strophes clémentes.
Le vieil orateur mutique a perdu les notes
Sur la portée floue dont la clef de sol n’est plus.
Le songe seul adoucit ses jours car il ôte
Ses tristesses insoupçonnables éperdues…
Le 3 novembre 2013, prémonition ou mélancolie annonciatrice ?
Poème inscrit dans le recueil Pleine lune.
Méditation de ce 3 novembre 2021, après 3 ans … De ton absence.
