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Maria Carméla Duhin-Carnélos

Lune sans miel




Tu me disais que tu t’en allais doucement
Tu me disais là-bas au pays des enfants
Tes yeux sur le rideau semé de soleils blancs
Tu me disais et je t’écoutais en pleurant.



C’est comme si mon présent s’arrête à l’hier
Je vis l’aujourd’hui, je m’esquive en marche arrière
C’est comme si chaque soir j’attends ton retour
Je regarde l’heure et m’enferme à double tour.



Pourtant ici tout se languit de te revoir
Du fauteuil au bureau jusqu’à la grande armoire
C’est comme si Dame Patience tient les rênes
De la folle désespérance qui m’enchaîne.



Le microsillon tourne encor sur la platine
Le scénario reproduit des maux en sourdine
Au triste mime ressemble mon existence
Autour de moi tes visages comme assistance.



Ils ont quitté la mer. Il a quitté l’été…
Quand il est bruine il dépose ses baisers
Délicats et timides tamponnés tout bas…
Si le vent souffle il prend sa Muse entre ses bras.



Elle marche sans bruit pour n’éveiller personne
Juste le tic-tac des horloges qui résonne
Les pièces passées en revue sont toutes pleines
De meubles et de souvenirs chargés de peine…



Elle inspecte tout du bout des doigts et caresse
De son bien-aimé l’âme empreinte et la promesse
Car toute chose et tout objet qu’il a touchés
Sont les seuls témoins de leur Amour déchiré !



Nuage ou papillon dès lors il est partout
L’un la fait rêver, l’autre lui frôle la joue,
L’ombre et la brise qui lui faussent compagnie
Démasqueront l’amant en plein songe la nuit !




La joie de l’aurore s’évanouit en pluie
Car ses pleurs ajoutent sans fin des jours sans lui !
L’illusion du sommeil apaisant s’est enfuie
Seule elle reste avec le silence et l’ennui…



Alors devant sa froide pitance elle pense…
Coudes sur table et front sur les mains, elle pense…
Paupières closes pour mieux saisir chaque instant
Que le destin a relié d’un fil d’argent…


Pour Jacques. M-C D-C
3-11-2018 / 3-11-2020
Pleine Lune