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Marc EMILIEN

Vertige

Tout en haut, au-dessus du vide, sur le bord du pont.
Soudain, le vertige !
Vertige ! Oh vertige ! Oh non !
Tandis que dans les yeux, voltigent
Des papillons,
On se fige,
Blêmit et tremble, arraché par le fond !
Vite ! Une branche, n’importe quoi, une tige.
Tenir ! Maintenir l’équilibre et arrêter ces bonds
Que le vide inflige
Au creux des poumons.
Calme ! On se calme, doucement, on s’oblige.
Là. C’est mieux, en arrière, rentrons !
Quoi, rentrons ? Que dis-je !
Là, plus loin, au-delà du pont,
A quelques piges,
Passe une fille ! Corps de rêve, cheveux blonds.
Vertige ! Oh vertige !
Frissons !
Le cœur se fige,
Plus de la peur, ni du vide, ni des bonds
Qui désobligent,
Mais d’un aiguillon
Qui le fustige.
C’est Cupidon
Qui dirige
Sa mission
De Dieu prodige.
Nous voilà près de la belle ! Charmes et salutations.
On attige
Le geste et le verbe et le ton,
Sans que la bienséance ne néglige.
« Venez, belle fée, partons !
Profitez donc de mon quadrige,
De mes élégants chevaux frisons.
Que je vous partage mon prestige,
Mon or, ma maison.
Voyez comme je ne transige
Sur mon amour quand j’en fais don »
Mais entre nous s’érigent
Des éclairs foudroyants d’émotion.
Un baiser. Un autre. Elle n’exige
Plus que le feu de nos passions.
Vertige ! Oh oui ! Vertige !