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Mahdaoui ABDERRAOUF

Le chagrin et le courage.


Moi, dit le chagrin, je suis de tous les jours.
Je torture tous ceux en mal d’amour.
Ce n’est pas de ma faute si je les harcèle. . .
Ce n’est pas de ma faute si je dois les fustiger . . .

Moi, dit le courage, je ne me sens jamais obligé
De porter secours aux cœurs que tu morcèles.
C’est à moi qu’il incombe de réussir à effacer
Le souvenir douloureux de ton passage.
C’est à moi qu’il incombe d’annoncer
Le retour des beaux jours grâce à mes présages.
Saches que tu me trouveras toujours sur ta route
Car je ne laisserai aucun malheureux dans la déroute.

Le chagrin, atteint de plein fouet, réagit en ces termes :

« Je me fais fort de garder prisonnières toutes mes victimes
Toutes celles que l’absence a plongées au fond de l’abîme
Afin que mon complice le désespoir à jamais les enferme.
Je n’y peux rien si les humains sont si compliqués ;
Je n’y peux rien si tu veux tellement t’impliquer
Dans les moments douloureux de chaque mortel. »

Le chagrin s’accommode de cette même clientèle
En jubilant, pensant que nul ne pourra résister
Ni à ses nuits ni à ses assauts sans cesse répétés.

Le courage répond crânement à son ennemi :
De mes missions, je ne me suis jamais démi.

Il ajoute en haussant la voix et en bombant le torse,
Que les victimes de rupture, de deuil ou de divorce
Seront toujours amicalement épaulées et accompagnées
Pendant tout le temps nécessaire à leur guérison.
Des anciens inconsolables peuvent témoigner
Qu’il ne peut y avoir aucune comparaison
Entre leur passé tourmenté et leur présent volubile.

Décontenancé, le chagrin reconnaît sa défaite
Face à la force providentielle et tranquille.
Certes, . . . Ce n’est pas ce qu’il souhaite,
Mais il s’en va ne laissant rien derrière lui
Car il n’est pas de taille en présence du courage.
Au diable détresse, souffrances et naufrage.

Ainsi, pour l’amoureux, jadis cruellement éconduit,
Finies les larmes ; il est heureux et ses brillent,
Blotti dans les bras d’une adorable jeune fille.
Pour l’orphelin qui a perdu son père ou sa mère,
Les jours et les nuits n’auront plus leur goût amer.
Finies les idées noires qui poussent au désespoir.
Fini le temps des regrets et celui des pleurs en secret.
La chape de plomb qui pesait, s’est levée comme par décret
Faisant place à la douceur de la vie, à l’avenir et à l’espo
Pour les parents qui ont souffert la perte d’un enfant,
Il restera toujours un peu de ces instants étouffants.
L’arrivée d’un nouveau-né atténuera la douleur
Et donnera aux teints blafards un peu de couleurs,
Mais personne ne peut passer outre l’absence.