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Loïc DECRAUZE

Duos poétiques outre-temps - Livraison IV

- Avec André Chénier :

“Et ma voix, toujours tendre et doucement plaintive,”
Sent parfois l’âpre cendre aux grisailles rétives.
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"Aujourd'hui qu'au tombeau je suis prêt à descendre,
Mes amis, dans vos mains je dépose ma cendre."
A la désolation, née des larmes ardentes
Sans sursis, s'ensuit l'agonie incandescente.

- Avec François-René de Chateaubriand :

"Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants,
Avec lenteur se dessine et repose"
Déploient leurs feuillus aux verts saisissants
Qu'une fraîche envolée de sève arrose.
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“Ma Muse est simple, et rougissante et nue ;”
Elle est mon absinthe et m’élève aux nues.
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"Avec ses monts, ses forêts magnifiques,
Son plan sublime et son ordre éternel,"
S'explore ses horizons mirifiques
Qui bravent l'ascétisme originel.

- Avec Marceline Desbordes-Valmore :

« J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau. »
Te voilà loin de moi, me voici prêt à ceindre
Le roulis sinistre du tragique radeau.
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“Inutile à la terre, approche-moi des cieux”
Tresser notre univers au fil du lien précieux.

- Avec Alphonse de Lamartine :

“Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée :
Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais,”
Vouloir se perdre au cœur de pentes dévalées
Pour n’avoir en tête qu’un oripeau suspect.
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“Je contemple la terre, ainsi qu’une ombre errante :”
Que ce temple l’enterre enfin, vie aberrante.
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« Insensé ! j’ignorais tout le prix de la vie ! »
A tes côtés, j’enfante les pentes gravies.
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“Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;”
Ici, j’exaucerais l’utopie qui chavire.
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“Les astres roulent en silence
Sans savoir les routes des cieux,”
Toi, tu me révèles l’intense
Univers : ce chemin précieux.
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"Et la terre, et le ciel, et l'âme, et la matière"
S'explorent à travers toi, mon horizon, ma pierre.

- Avec Victor Hugo :

« Ne suis-je pas à toi ? Qu’importe,
Quand sur toi mes bras sont fermés, »
L’Achéron, même s’il m’emporte,
Je me sais être pour t’aimer.
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« Laisse donc, ô ma douce muse,
Sans le regretter un seul jour, »
Tes doigts dans ma barbe confuse,
Tes mains sur mes poignées d’amour.
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« L’amour, c’est le cri de l’aurore,
L’amour, c’est l’hymne de la nuit. »
Tu m’ouvres ton aube sonore,
Ta nocturne voie qui unit.
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« Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
Les saules ridés, les chênes vénérables, »
Font bruire leur âge pour ce poirier à fleurs :
Hommage des bois mûrs à l’offerte blancheur.
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« Sur la bouche ouverte des roses
Et sur les lèvres de Platon »
Naissent des parfums qui arrosent
L’ombre des pétales en deux tons.
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“Dans l'azur qu'aucun souffle orageux ne corrompt,”
Se murmure un idéal si pur qu'il se rompt.
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« Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine,
Puisque j’ai dans tes mains posé mon front pâli, »
J’endure désormais la transperçante peine
Dès que tu es trop loin pour soigner ma folie.
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“Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,”
J’étreindrai la rosée, cristalline compagne.
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« J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne peux demeurer loin de toi plus longtemps. »
Reste mon horizon ou l’âcre néant gagne.
Enfouis-moi tout en toi, mon vital exaltant.
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« Nous vivons tous penchés sur un océan triste.
L’onde est sombre. Qui donc survit ? qui donc existe ? »
Le poids de l’impossible attire vers le fond,
L’air qui manque, plus un éclat, l’âme se rompt.
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« Il s’enfonçait dans l’ombre et la brume, effaré,
Seul, et derrière lui, dans les nuits éternelles, »
Croissaient les décombres d’une vie torturée
Par l’interdit dessein, par l’horizon sans elle.
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« Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme
Ouvre le firmament ; »
Mais que ton absence ronge mes os, mon derme,
Dilate mon tourment.
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"Paris, morne et farouche
Pousse des hurlements"
Sous les coups de sang louches
De jaunâtres déments.

- Avec Alfred de Musset :

“Quand j'ai passé par la prairie,
J'ai vu, ce soir, dans le sentier”
L'Enchanteresse qui, sans cri,
A pris ma nature en pitié.
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“Inventons donc quelque folie
Qui nous perde l’âme et le corps”
Pour mieux renaître du défi
De n’être plus qu’un sans effort.
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« Si je vous le disais, que chaque nuit je veille,
Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ; »
En proie à votre absence, étrillé sans pareille :
Vers ce temps éperdu ma vie brisée s’échoue.
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“De tes douleurs sans borne, ange du ciel tombé”
Tu n’extrais que tourments d’un horizon plombé.