Pygmalion
Je savais que tu n'existes pas,
car je t'avais créé de mes rêves,
de mes cris de solitude,
Je te modelais peu à peu,
comme une Colonne sans fin,
et tu étais beau, mon chef d'oeuvre,
mon Oiseau dans l’espace de Brancusi, à moi...
Je te parlais chaque soir,
et mes paroles caressaient doucement ta peau d'ivoire,
je te donnais le souffle de mon existence,
un pauvre rêveur Pygmalion,
sans espérance.
Et pourtant, je n'ai pas été très surprise quand je t'ai vu,
assis dans un fauteuil,
même si les rêves ne deviennent jamais réalité.
Tu étais là et tu feuilletais, absent, les pages de mon âme...
Puis j'ai vu que la porte était restée ouverte
et d'autres passants piétinaient mon âme, à travers.
Je souriais...
Je ne pouvais pas t'éloigner, car tu étais mon Baiser de Rodin
et mon Sphinx de Gizeh,
Mais la porte était restée ouverte,
et je me suis retrouvée de nouveau sur le même chemin pèlerin,
mon maudit vol Hollandais,
en errant solitaire
sur les cordes tendues entre des univers parallèles.
Trouverai-je, jamais, une âme pour y entrer,
m'assoir en genoux, les souliers à la porte, comme les Japonais,
et me sentir comme chez moi ?