Mon temps, tu cours, insatiable, cruel, Me suivant comme un loup affamé. Mes pas deviennent lents, essentiels, Et tu me pourchasses, encore, sans pitié.
Je trébuche, je tombe, le cœur las, Et tu viens, chasseur d’une colombe, Sous la lune, dans l’ombre du glas, Ton souffle me traque dans la pénombre.
Tes yeux de bête, avides, persistants, Ta gueule ouverte sur ma mémoire — Tout dans le ciel, peint par un enfant, Ressemble à un rêve sans victoire.
Je traîne, brisée mais debout, Espérant qu’un arbre me protège enfin. Et toi, mon temps-loup, sans mon bout, Tu cesseras d’être, car je ne serai plus rien.