Parfois, je la sens comme une flamme mouvante, Une ombre qui suit mes pas fatigués. Mais hier, dans le crépuscule, tremblante, Je l’ai vue : c’était mon âme incarnée.
Elle feuilletait mes livres et rêvait mes douleurs, Bleue, sereine, douce et flottante. Quelques torches guidaient ses lueurs Sur des chemins d’ombre hésitante.
J’étais lasse, l’espoir enterré, Accablée par le mal du monde entier, Et quand le noir a repris ses droits, Seule, mon ombre avançait sans voix.
Je l’ai interrogée : « Que faire ici-bas ? À quoi bon vivre l’ombre de soi ? À quoi bon attendre sur le vieux perron Des trains vers des gares sans nom ? »
Elle n’a rien dit. Souriante, elle écoutait Mes prières, mes cris, mes soupirs éteints… Puis d’un bleu profond elle a chuchoté : « La vie est une cage… et l’on n’a pas les clefs. »