Lui Nostalgie ô nostalgie, quand dans ton giron Tu me possèdes et me vides de la substance De mes jours et mes nuits, me fais prisonnier De mes souvenirs heureux, à la lumière vive Plus aveuglante que tous les soleils naissants Déchirant mes doutes, dévoilant mes manques Remplissant de muguet mes gourdes muettes
Elle Pourquoi voleur de mes songes reviens-tu Prendre mes souvenirs et mettre à leur place Des peaux cuisantes, affamées et tendues Tu es cruel, tu me tues à petit feu, sans égard Epargnes moi car de t'imaginer déjà, je suis mal Et pire quand tu me chuchotes tes mots bleus Derrière ce voile arachnéen d'âmes dentelées
Lui Toutes les flammes et laves des volcans millénaires Ne sont rien quant à l'acide qui coule dans mon sang Ton absence me consume et mes désirs ne sont plus Que des rêves homériques vers l'odyssée du néant Mon ciel s'est vidé de ses étoiles et ne s'illuminera Que par les rayons argentés de ta lumière boréale De tes flocons de neige à la blancheur immaculée
Elle J'agonise, ma résistance se meurt devant ton portail Mes maux se nourrissent à la source de tes veines Je suis Pénélope, qui attend avec espoir et patience Son Ulysse parti, loin, dans la mer des tentations Le verrait-elle, le serre-t-elle contre elle, une fois Une fois orpheline et qu'adviendra ce que pourra Car sa vie sans lui ne vaut point qu'elle s'y attarde
Lui Je t'apporterai la toison d'or dûment arrachée De hautes mains aux éternels car les mortels Face à ta beauté foudroyante s'échapperont En volutes de fumée, ma soif est très grande Mais je refuserai de l'étancher qu'à ton sein Bacchus, fils de Jupiter, enfanté de sa cuisse M'offrit mille élixirs que je n'ai point goûtés
Elle De tes douces pensées, je ferai perler ma taille Je marcherai libre, altière face à tous ces mortels Les mains touchant cette ceinture nimbée de lune Qui le soir scintille, me guidant vers le bord de mer Attendant le retour de ton navire, bravant Poséidon Rien ne me sera apaisant, ne me sera plus doux Que de voir ta silhouette se découper à l'horizon
Lui Dussé-je y perdre toute ma raison, y laisser la vie Je ne faillirai à ma promesse ni à nos purs voeux Ma poitrine te sera écrin, et mes bras un rempart Et ni Eole ni Hermès ne pourront t'arracher à moi Je reviendrai comme l'eau sur le roc le plus dur