J'aime la danse immobile des arbres en hiver, J'aime les gentils chiens qui puent, J'aime la diffraction du Soleil à travers mes cils, Et les 'plocs' des grenouilles Supris dans leur étang. J'aime les chaussettes mouillées Qui ont vu l'herbe après la pluie, J'aime les rots d'un bon repas Qui me rappellent à son bon souvenir. J'aime les après-midi morts Quand le temps oublie de passer Et les feuilles de chanter. J'aime le rythme des pierres et les tortues qui baillent, J'aime Les plumeaux de feuillages Qui se balancent au vent d'Avril. J'aime la fraîcheur du gazon vert glissant sous mes orteils et la bise comme une caresse mêler à mes boucles les parfums multicolores des mimosas et des violettes. J'aime la torsion de l'écume lécher la roche immobile et l'aile déployée des oiseaux blancs sous le feu de l'été, J'aime le sel posé en plaques sur mon corps et mes plaies, Ces silences parfaits qui font fermer les yeux et attendre. J'aime compter douze avec Rostand et de Cyrano les vers arrogants. J'aime les sourires satisfaits Quand ils ont deux mentons Et j'aime ces petits bouts de bide Qui dépassent des vestons. J'aime quand il ne se passe rien et j'aime l' haleines chaude du romarin. J'aime les déserts et les silences. Les douleurs qui s'oublient par leur absence. J'aime un peu le froid et les nuits blanches. J'aime les étoiles. Etincelantes Au ciel nocturne. Et par-dessus tout j'aime m'éblouir de lune. J'aime les filles aux seins gonflés et aux sourires niais. Le soleil qui rougit leur poitrine leur ferme les yeux et je regarde. J'aime les chaises vides dans les théâtres silencieux. Le champ des possibles. J'aime le froissement de l'air battue par les oiseaux rapides. J'aime l'évidence absolue de l'aube, Le scintillement des rayons Aux pointes des palmiers immobiles. J'aime enfin la vie Et tout ce qu'elle a de subtils.