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Jean-Stephane BOZZO

Tyrannie

En ce matin du 14 juillet 2021
il pleut
je pleurs
la vie sanglote
le ciel est triste.

Il y a deux jours
par les mots insensé
d’un seul homme
la république a été insultée
bafouée
trahie.

Comment après de tels propos
peut-on encore aujourd’hui
chanter sans honte «La Marseillaise»?

Les révolutions ne détruisent pas
le fardeau de la tyrannie
elles le transfèrent juste
sur d’autres épaules.

Mais comme il est vrai
que toute autorité contient
les germes de la tyrannie,
celle-ci ne peut réellement s’exercer
qu’à partir de la soumission
des peuples.

La tyrannie est toujours l’arme du faible
qui cache sa peur de la démocratie
dans l’autorité abusive de son pouvoir.

Elle transfère sa propre peur
sur le peuple lui-même
qui incapable de voir la supercherie
tombe dans le piège tendu de la peur.

La base de la tyrannie
n’est pas tant la force
que l’habitude de vivre dans la peur,
dans l’acception tacite des informations
livrées par des médias dépendants,
l’habitude des conflits d’intérêt
qui conduisent
a des lois corrompues et injustes,
la manipulation,
les mensonges,
la dissimulation,
la propagande,
la censure.

On ne peut pas soumettre un homme libre
on ne peut que le mettre en prison
ou le tuer.

Mais que de souffrance à endurer
pour celle ou celui
qui a encore le courage
d’être libre.

Demain,
je n’irai plus dans les bars
ni les restaurants,
comme beaucoup
je n’y allais déjà pas trop avant
je n’en avais
pas vraiment les moyens...

Demain,
moi qui aime le cinéma,
le théâtre,
la musique
je n’aurai plus accès
à aucune salle de spectacles,
comme beaucoup
je n’y allais déjà pas trop avant
je n’en avais
pas vraiment les moyens...

Demain,
je ne pourrais plus voyager,
Heureusement
j’ai pris la liberté de voyager
quand il était encore possible
de le faire…

Demain,
je n’en aurais plus le droit...

Demain,
je ne mangerai peut-être
plus à ma faim,
comme beaucoup
je faisais déjà très attention
à ce que j’achetais
je n’en avais
pas vraiment les moyens...

Aujourd’hui,
le cœur gros
je vais retourner travailler
en sachant que je n’aurais
peut-être
plus le droit de travailler
demain...

En ce matin du 14 juillet 2021
il pleut
je pleurs
la vie sanglote
le ciel est triste
j’ai honte d’être français...

Copyright © Jean-Stéphane Bozzo – 14 juillet 2021