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Jean-Michel BOLLET

Venez, petit oiseau

Venez, petit oiseau habitué du haut
Me voir assis dans l’herbe
Et avec moi pourquoi ne pas faire un duo
Sous ce soleil superbe ?
Me regardez-vous bien pendant que vous chantez
Caché dans le feuillage
De cet arbre esseulé par un ange planté
Sans le moindre outillage ?
Et vous, pour votre nid, aviez-vous un outil ?
Il paraît que nul homme
N’a une bouche habile aussi qu’un volatil
Qui bâtit sans diplôme
(Autre qu’un instinct fin conduisant son destin)
Sa maison coutumière
Où il donnera aux oisillons un festin
Dès l’heure la première ;
Petit oiseau au bec jaune, au plumage noir
Joli telle une perle
Echappée au regard clair d’Auguste Renoir
Trop éloigné du merle…
Si tu étais né dans le foyer d’un moineau
Sans doute un grand artiste
T’aurait pris en photo, tu sais, Robert Doisneau
N’était pas type autiste…
Mais, tu te moques bien de mes frères humains
Et autant de moi-même ;
Je te veux, si tu veux, sur une de mes mains
Et que ton aile m’aime
En caressant ma peau et dis-moi, ce duo
Peut engendrer l’envie
A tes amis oiseaux, habitués du haut
De partager leur vie.
Mais je m’aperçois que je vous ai tutoyé,
Mon prince, je me lève
Et vous demande de me pardonner, soyez
Indulgent, votre élève
Dominé par autant de charme et de beauté
Montrés à l’altitude
Ne sait ni voler, ni chanter ni jaboter
Par manque d’aptitude
Alors, je vais rester, à bien vous épier
Sans que ça vous dérange
Puisque vous préférez regarder à mes pieds
Un iris jaune-orange
Dont la couleur est la même que votre bec
Et que l’astre solaire
Que j’avais remarqués avant d’aller avec
Un institut scolaire
M’apprendre ce que vous n’avez jamais appris
Tout en sachant comprendre
Que le prix pour aller de New-York à Capri
N’est rien pour vous y rendre
Alors que nous avons inventé l’avion
A la très vilaine aile ;
Ah ! mon Dieu pourquoi donc, nous, les hommes, avions
Copié le modèle
Réservé par vos soins au merle et au corbeau ?
Nous vouliez-vous à terre ?
Oiseau, me voyez-vous ? Je suis encore beau
Et fier de mon artère,
Venez à deux doigts de moi juste un court instant
Pour quelque bavardage
Et vous m’apprendrez ce chant qui me pince tant
Le cœur et sa part d’âge.
Mais, dans un grand élan, vous partez en volant
Embrasser l’air sauvage
Et je reste - en pensant à nous deux convolant -
Un produit d’élevage.