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Jean-Michel BOLLET

Tendre merlan

Tendrement, un merlan embrasse une baleine
Sur la grosse bosse de son beau dos
Sans s’apercevoir qu’elle a bien mauvaise haleine
Due sans doute à une saligaude eau.

Les poissons, rarement, se pourlèchent la bouche
Où sont entrés suspects autant qu’horreurs ;
Ont un flou la mer et l’océan plutôt louche
Suscitant sans doute quelques erreurs.

Le fretin ne craint pas les longs bras de la pieuvre
S'allongeant par amour ou amitié ;
Les plus malins savent qu’elle – sans répit – œuvre
A séduire le petit sans pitié.

La lumière elle-même est assez circonspecte
A cette idée d'aider le trouble abstrus
Où baigne un cétacé qui peu souvent inspecte
Un intrus qui peut être un détritus.

Le requin-marteau et la lourdaude tortue
Se font piéger par le corps étranger
A l’espace salé quand l’alligator tue
Dans l’eau sucrée sans croiser le danger.

La chevelure est le luxe de la méduse
Donnant une brûlure au doigt osé
Posé sur la beauté dont l’excuse est la ruse
A l’endroit d’un droit par lui imposé.

Le nageur éternel a le flirt improbable
Et se méfie d’un frôlement douteux
Même à son avantage et reste imperturbable
Devant le dos d’un baleineau goûteux.

Les poissons se croisent sans se tirer la langue
Qu’ils n’ont peut-être pas entre leurs dents ;
Le merlan ne sait pas la douceur d’une mangue
Echouée dans la mer par accident.