Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Prédateur - 2

Non, il n’en finit pas d’étonner
Et souffre de son impéritie
A maudire quand il a tonné
Croyant toujours qu’il bénéficie
De mélodies bleues à chantonner
Dans son étroite superficie.

Chercher des cerises en hiver
Et des coings en gelée en été,
Devrait désespérer Gulliver
Qui aurait tout lieu de s’inquiéter
Des choses que l’on fait à l’envers
Avec ce travers de rouspéter.

Arrache-t-il en disant cueillir
La jambette de la pâquerette
Dans l’unique but de l’affaiblir
Pour que pleure et meure la pauvrette
Sans avoir eu le temps de vieillir
Et de jouir de sa collerette.

Arrache-t-il sur la peau la croûte
De sang séché avec violence,
Voulant expurger coûte que coûte
La vie qu’il tient au bout de sa lance
Et sans dévier, il poursuit sa route
En laissant sa proie dans le silence.

Numéroter le dos des moutons,
Passer l’anneau au naseau du veau,
Bouffer, s’empiffrer, c’est le glouton,
Le vorace ignorant le caveau
Où les ténèbres le réduiront
En poussière jusqu’à son cerveau.

A force de voler, de casser,
Ô comble du comble, il se lamente
De n’avoir maintenant plus assez
Pour allaiter son thé à la menthe
Et les femmes qu’il a pourchassées
Finiront en religieuse amante.

Par quel assassinat débuta
Sa spécialité de prédateur ?
Peut-être fut-ce lorsqu’il buta
D’un jet le premier horodateur.
En tout cas, rien ne le rebuta
Pour devenir un liquidateur.

L’autruche est élevée pour son oeuf
Et l’abeille lui sucre son miel ;
On peut faire la preuve par neuf
Qu’un jour il enverra dans le ciel
Les restes de la panse d’un boeuf
Pour que Dieu se contente du fiel.

Il arase la riche montagne,
Et brûle les branches mortes-nées,
Bat sa compagne avant la campagne,
Dépèce les vaches écornées
Parquées dans des étables de bagne,
Battues par des fermières bornées.

Il boit le lait cru de la mamelle
Qui sort écru du pis mal traité
D’une femme appelée « la femelle »
Dont il a purement décrété
Que le chameau trait par la chamelle
Ne figure dans aucun traité.

L’esprit du philosophe se glace
A voir s’arrêter le boulanger
Près de l’homme sans qu’il se déplace
Peut-être à cause du grand danger
Que, d’un coup, se casse sa carcasse
Obnubilée par – déjà - manger.