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Jean-Michel BOLLET

Perspectives

La blanche marguerite avec le bouton d’or
Tapissent les prés verts au réveil du printemps
Déjà le paysan qui s’inquiète du temps
Veut labourer son champ après ces bouts de mort

Sont les forsythias jaunes les tout premiers
A venir dans les haies et dans les buissons bruns
On rencontre déjà des traînées de parfums
Exhalées des forêts et des fleurs de pommiers

Ce que je vois de mes yeux et sens de mon nez
Seront peut-être à vous chers enfants de demain
Qui prendrez des gouttes de tout entre vos mains
D’enfants à naître et que j’aimerais tant voir nés

J’ai subi les hivers supporté les étés
Que vous traverserez non sans quelques soucis
En humant les pensées à côté des soucis
Inoffensives fleurs de gracieusetés

Les déserts s’étendront jusqu’en Scandinavie
Captureront mers océans les continents
Médiocre ira tout le reste incontinent
Jusqu’à l’étouffement d’un embryon de vie

Alors d’écrire je me dépêche ces vers
Que vous lirez – qui sait - quand je ne serai plus
Ou courbatu ou de rhumatismes perclus
Sèche et ridée la joue et les yeux de travers.

Nous avons par hasard tué des pies rainées
Et quelques ruminants qui tondaient les gazons
Il nous reste un isard perdu à l’horizon
Blond fier et dominant sur les monts Pyrénées

Le parc automobile est un constant mobile
Mis autant en avant par neuf et occasion
Où s’observent des flux aigus de transactions
De même que dans la téléphonie mobile

Ma fille pleure la Cordillère des Andes
En dévorant des blocs de hachis Parmentier
Accompagnés d’un bon jambon de Parme entier
Que l’on a fait fumer au pin rare des Landes

Je crois que c’est fini pour Johnny Hallyday
Vous le verrez passer aux actualités
Il a hélas été longuement alité
Et de son décès un soir jaunit à l’idée

Jean Ferrat s’est éteint la veille d’un scrutin
Après avoir chanté l’amour la liberté
Le chemin incertain que l’âme a déserté
Quand le corps veut toujours gras festin gros butin

D’autres mourront peut-être à la fin de leur vie
A moins que celle-ci dure éternellement
Si une âme le dit dites-vous elle ment
Car à mon avis son raisonnement dévie

Le Mont Blanc n’est plus blanc au Ventoux tout se vend
Paris n’a plus d’oiseaux dans la rue Vaugirard
Les rats de ses égouts le soir font le chambard
Et l’on respire un air dont se moque le vent

Dodo les enfants do nés dans les beaux châteaux
Après Charle’ Aznavour vivrez-vous une crise
Au sommet du gâteau on vous met la cerise
Et de la mer vous ne voyez que les bateaux

Connaîtrez-vous le lait de nos bovidés roux
Le tordu salsifis l’amer du pissenlit
Les édredons épais qui écrasent le lit
La bille qu’il suffit de pousser dans le trou

Vous nous épaterez j’en mets ma main au feu
Enfin pas tout à fait juste à vingt centimètres
Peut-être aurez-vous su ou pu chasser vos maîtres
Qui vont ont bassinés demain ça ira mieux

Vêtez-vous de bise et couvrez-vous du nuage
Puis dépoitraillez-vous prenez tout le soleil
Laissez venir les pluies adoucir votre orteil
Quand vous serez pieds nus sur les chemins sans âge

Contemplez les forêts elles repousseront
Eloignez-vous des mers regardez-les de haut !
Prenez garde à la bosse qu’elle a dans le dos
La montagne altière avec son ventre rond

Chantez des chants nouveaux n’allez pas à l’école
Soufflez dans des pipeaux et sifflez dans vos doigts
Apprenez les oiseaux pas la règle de trois
Qui n’a pas empêché la bataille d’Arcole

Ah Comme il me ravit ce monstrueux propos
Dur à tenir dans le rire et dans le délire
J’ai voulu vous écrire afin de vous élire
Présidents d’une jeunesse bien dans sa peau.