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Jean-Michel BOLLET

Moeurs

Le flot des maladies envahit foie et reins,
Poumons, cœur, pancréas en passant par la bouche
Et rien ne le retient, pas même un mors de freins
Jusqu’à ce qu’il secoue tout pour trouver sa couche

Sans qu’il soit invité, en arguant que les mœurs
Ont changé depuis la guerre de l’an quarante
Et tant pis, si je suis un porteur de tumeurs,
Je vis de maladies : mes royalties, ma rente,

Nous dit-il sans que nous puissions le contester
Puisqu’il s’est installé dans le ventre en plein centre
En tentant d’attiser – juste pour se tester –
Un foyer qui pour lui résister se concentre.

Les maladies sourient dans leur protectorat,
Plastronnent et bombent leur chancre et leur pustule
Qu’elles ont empruntés vifs et bruts sur des rats
Vus un soir de lune traversant la Vistule.

Le ventre est l’idiot qui ne sait que broyer
Et n’est jamais allé en touriste en Pologne
Où les chiens pleins de vers cherchent à les noyer
Quand l’enfant sain lié périt dans la Vologne.

Les maladies viennent dans un flot tout-puissant
Qui contamine la partie très saine et noble
Sans qu’il se heurte à un flot d’urine et de sang
Considéré autant qu’un défenseur ignoble.

L’attaque est vive et franche et le cœur se défend
Mais il est promptement tiré sous la poitrine
Par un pustule qui le grignote et le fend
Comme un caillou brisant un verre de vitrine.

La rumeur établit que le mal du fumeur
Ouvre la porte à la purulence du chancre,
Cette tumeur venue avec mauvaise humeur
Tapisser les parois du ventre où elle s’ancre.

Les maladies sont plus costaudes qu’estomac,
Prostate, pancréas, foie, intestins, reins, rate
Et la mère de Luc, Joséphine et Thomas
Les tâte ici et là, partout où cela gratte.