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Jean-Michel BOLLET

La fin des temps

Après deux siècles de destruction massive
Il n’aura suffi que d'un virus ingénu
Entré subtilement dans le sang et passive
La mécanique a des ratés en continu

Le parasite oblige à garder la distance
Entre l’émetteur et le receveur minés
Par l’aléa venu là et sans résistance
Pendant que les sentiers ne sont plus cheminés

Le layon écrasé meurt sous une autoroute
Quand pleure un conducteur de bagnole privé
Et l’aubergiste-fée qui servait la choucroute
Faisant la renommée d’un domaine privé

Le sobre chameau dans le désert abbé Pierre
Pour de faux porte sur son dos deux bosses d'eau
Et s’use les yeux en ouvrant grand sa paupière
Sur l’horizon qui le soir prendra son fardeau
Vous avez Père abbé foulé des grains de sable
Plus nombreux que les fruits de cent mille pêchers
Qui par notre orgueil et notre âme insaisissable
Ne purent combler nos abîmes de péchés

L’être a déserté des sérénités d’espace
Depuis le temps passé à chercher le meilleur
Du bonheur abrité dans l’aile d’un rapace
Survolant les beautés avec l’œil du veilleur

Faible est le survivant descendant du colosse
Devenu par sa faute un rigolo Zorro
Qui a perdu la lutte en face du molosse
Et dont les os costauds sont proches du zéro

Faible est l’humanité qui lassée se destine
A entrer suffoquée dans la géhenne à moins
Qu’une aide ordonnée par une main clandestine
La libère approuvée par Dieu et ses témoins
Affranchie des démons et retournée au monde
Et se peut plût à Dieu qu'elle aille sans habit
Sans outil sans bruit et que son esprit refonde
Cet éden qui seyait juste à son acabit

Le désir fut trop fort de refuser la pomme
Et se distendirent les liens avec Dieu
Triste que son fils ne pût devenir un homme
A cause de ce fruit qui fit tourner ses yeux

La désobéissance a scellé son errance
En suivant la voie qui mène à un carrefour
Où d’autres voies verdies aux couleurs d’espérance
Sont l’œuvre de Satan conduisant à son four

La force du colosse était à l’origine
En lui dès le premier jour où il fut créé
Mais sa faiblesse lui fit un corps androgyne
Et la divinité ne l'a pas agréé

Après avoir vécu longtemps dans la gloriole
Et vaincu les fléaux que furent peste et faim
Choléra rage croup peste lèpre variole
Voici qu’un virucet précipite sa fin

Ce signe du destin le dernier sans nul doute
Est l’avertissement des grincements de dents
Des déchirements des pleurs des cris que redoute
Le pronom relatif mis pour l’antécédent

Présent avant tout le monde avant le big bangue
Ayant dans sa poche un jouet mini-briquet
Qui mit le feu et c’est plus tard que Jacques Langue
Dit que le nom de Dieu n’était qu’un sobriquet

Après deux siècles de destruction sordide
Ce salaud de sort dit en corps on a virus
Et les savants bavant font le constat morbide
Qu’il pourrait provenir d'un clone de cirrus

L’intelligence ne pige pas le mystère
Le sacré le caché ces effrayants écueils
Acolytes des mers rampant jusque sur terre
Piégeant les vivants rêvant d'autres accueils

Qui sont-ils ces écueils ces récifs ces barrages
Ces abysses sans fond ces vents tempétueux
Qui cornent le nez quand se prennent des virages
Par des comportements jugés impétueux

Il n’est plus le temps de tirer sur la comète
Des plans super léchés presque morts-nés pourtant
Il suffit de penser à moins que Dieu l’omette
Qu’on sera tous sauvés sans qu’on paye pour tant
De veulerie de peur de pensée médiocre
Afin de contourner le mur de Vérité
Pur et blanc rendu par notre comédie ocre
Des déchets qu’il rejette avec sévérité
Mais sans qu’il puisse hélas résister au mensonge
Vainqueur net et puissant des lâches errements
Générant la fin des temps privant de rallonge
Les survivants qui ont au cœur des serrements.