L’été est un hiver qui habite en Norvège A l’ouest d’une Suède où ici le nord neige Assez loin d’un sud plein d’un océan indien Qui chérit le soleil dont il est un gardien
Quand il apparaît en entrant à Saint Silvère Où sont passés muguet jacinthe et primevère Derrière peut-être le petit Gulliver Il souhaite mettre à l’essai un doux lit vert
Mais les terres étant couvertes d’herbes blondes Il s’enquit d’allonger tout son long sur les ondes Si rares des mares et des stagnants étangs Où le nénuphar sur leur surface s’étend
Après quelque moment bienheureux de détente Il contemple une branche où une ente le tente Jolie jeune esseulée qui vit dans un prunier La connaissant depuis un mi-mai printanier
Cependant, se pendant à sa solide tige Des fruits neufs affrontent les affres du vestige Hanté par leurs aînés qui ont tant travaillé Que leur désir de vivre encore est entaillé
Nombre de buissons de ronces foncent des mûres En les protégeant par leurs piquantes armures Et s’étire en longueur sur la blancheur des murs Une vigne aux raisins violets presque mûrs
Qu’il regarde avec ses yeux d’hiver et s’étonne Que dans l’instant s’entend un loriot qui chantonne Oh l’hiver dépouillé s’est changé en été De sa tête à ses pieds qui avaient végété
Quelle joie de le voir sans froid sans gel sans neige Qu’il a dû consigner dans un fjord de Norvège Dont il a conservé la clé sous un rocher Défendu aux déçus du sud de s’approcher
Maintenant, il est temps, la tempe de septembre Entend les battements de son cœur de décembre Qu’il a bien préparé assez pour apporter Des bébés d’été que les Nords font avorter
Le voici parti qui a mis dans ses valises Cerises, merises, figues, les vocalises Des serins, des pinsons, des bouvreuils, des ruisseaux Et au bout de ses bras, pendent sept ou huit seaux
De prunes, de pruneaux, de dorées mirabelles Quelques orchidacées aux rebelles labelles Qui vont mourir bientôt demain certainement Car là où il va il faut de l’entraînement
Reviens nous repeindre en jaune le paysage Dit un au revoir qui suspend un arrosage En ayant deux rougeurs dans chaque blanc des yeux Pendant qu’un paon à queue bleue ouvre un pan aux cieux.