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Jean-Michel BOLLET

Ils sont si petits

Ils sont petits, gros comme un quart de poing :
Où se cachent-ils ? On ne les voit point.
La maman qui sent monter une angoisse
Sait que la maison lui porte la poisse.
Déjà, l’an passé, le père est parti
Pour une soirée avec le Parti
Et quand il tomba – saoul – dans la rivière
On le ramena sur une civière.
Sa bouche était bleue, son visage blanc
Ses mains tremblaient tant que c’était troublant ;
Le médecin dit : sa tête est chenue ;
Le gendarme dit : elle m’est connue ;
Il ne portait ni chapeau, ni béret
Et se moquait bien de son intérêt.
Le noyé mourut à une pleine heure ;
Dieu le secourut juste avant qu’il meure.
Il fut enterré on ne sait plus où
Près d’un arbre à gui où venait du houx.
La mère alla voir un matin d’automne
Au cimetière où le mort se cantonne.
Elle découvrit la tombe et creusa
Puis sortit le corps et d’un coup gueusa :
Vieil affreux, salaud, qu’as-tu fait des pièces
Qui mettaient mon cœur dans mille liesses ?
Elle les trouva, cachées dans l’ourlet
De son pantalon de lin violet
Et les rapporta, Gisèle, chez elle
Dans un lieu secret cherché avec zèle
Et qu’elle oublia : « elles étaient là !
On les a volées ! » Elle s’affola…
Dix sont en or fin et l’une est en bronze ;
Elle avait compté : six et cinq font onze ;
Oh ! les petits sous, ces chers petits sous
Qu’elle cherche ici, dessus et dessous
La chaise et la table… Allô la police,
La gendarmerie ; je suis au supplice :
Hier, c’était le père, aujourd’hui, l’argent,
Que dois-je faire, cher monsieur l’agent ?