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Jean-Michel BOLLET

De tout temps

Le temps n’est pas si loin où je courais parmi
Les herbes qui coupaient mes jambes déjà dures.
D’entre tous les sapins, j'avais un arbre ami
Qui me servait d’abri pour déguster les mûres.

Ce temps enfui ne s’est peut-être qu’endormi.

Somnolent les vergers, les sentiers cabossés,
Le barrage au ruisseau clair de terre et de pierre,
Les cabanes feuillues aux chênes écorcés,
La vache sonnant sa clarine la première.

Ces temps sont-ils allés rouler dans les fossés ?

L’azalée était la reine du monde ancien
Et le long pont de bois noir enjambait le fleuve ;
La biche avait son coin discret, le daim, le sien
Et se retrouvaient à la source qui abreuve.

La ronce de l’allée n’était pas signalée…

La forêt avait des poumons emplis d’odeurs
Flottant dans la lenteur d’élégantes fougères
Dont l’exquise fraîcheur excitait les ardeurs
Des espèces venues de contrées étrangères.

Les cent mille senteurs attiraient les rôdeurs.

Le matin est venu dès l’aube pour nous voir
Et la nuit attendit que le regard se ferme ;
Le bovin est le même autour de l’abreuvoir
Et attend la lente remontée vers la ferme.

Et le thème est toujours : est-il quelqu’un qui m’aime ?

La genèse était là bien avant l’éléphant
Et la planète souffle après sa longue course :
Si un homme mûr fut un tout petit enfant
Le fleuve dans la mer est fidèle à sa source ;

L’harmonie se ressource au ciel dans la grande ourse.

Le début et la fin sont deux épis liés ;
Le feuillage du frêne est terne sans racine ;
Le tronc des grands sapins constitue les piliers
Du temple soutenant la nature assassine.

Ces temps estropiés ont peut-être plié.

Nombreux sont les maillons d’une grande entité
Accrochés au présent quand le passé recule ;
L’Histoire et la mémoire ont une identité
Préparant les humains à des conflits d’Hercule.

Et si la qualité tuait la quantité ?

On peut avoir assez des pourfendeurs d’hier
Qui moquaient, agacés, les « aigris nostalgiques » ;
Depuis l’antiquité, on sait qu’après l’hiver
Les gelées de l’été nuisent aux névralgiques.