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Jean-Michel BOLLET

Artiste anonyme

Poète, il écrivait sans souci de ses vers ;
Il faisait son ouvrage en évitant de geindre ;
Peintre, il aimait le noir qu’il s’abstenait de peindre ;
Il voyait bien et voir a aussi son revers.

Les femmes lui plaisaient et plus les grasses brunes
Mais, la blonde après tout… (il était sans tabou) ;
Il ne triait jamais et mangeait jusqu’au bout :
Il suçait les noyaux avec la queue des prunes.

Il regardait les gens travailler, s’épuiser
En se disant : « vains dieux, leurs visages sont blêmes ;
Heureusement, je n’ai pas les mêmes problèmes
Et ma boisson n’est pas celle qu’on peut puiser. »

Doucement le matin, pas trop vite le soir :
A Bayonne, on joue à faire tomber la quille
Et parfois – quel veinard - il trouvait une fille
Encline à le laisser sur ses genoux s’asseoir.

Séducteur ambigu, il mettait en avant
Un corps bombe atomique ébranlant l’édifice
Des volontés luttant contre cet artifice
Qu'en dedans le grand vent vaut un esprit savant.

Et on l’invitait à des surprises-parties :
Il dansait, pérorait en prononçant six mots
Dans ces endroits où l’on parle fortissimo
Sans la vivacité des doctes réparties.

Mais, il était poète aux pensées vagabondes,
Chanteur sans guitare et impénitent fêtard
Qui allait à la mer, seul, quand il se fait tard
Voir « s’entrefracasser » les vagues furibondes.

Hier, chez Léo Ferré, il imita De Gaulle
Devant Brassens hilare et Jorgi Moustaki
Qui lui dit, ahuri : « Tu mousses mais t’es qui ?
- Un gars qui rigole quand son cœur dégringole. »