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Jean-Michel BOLLET

A moi la palme

Je me repends souvent d’un geste qui dépend
D’un grand énervement échappant à mon calme
Car je suis, malgré tout, resté un chenapan
Aux doigts liés entre eux comme ceux d’une palme.

Ma claque marque la joue du cou à la tempe
Sans négliger la plus petite part de peau
Et je donne ainsi la plus remarquable trempe
A celui qui voudrait me jouer du pipeau.

Les pieds et les mains me servent dans les bassins
De compétition pour avancer plus vite
Et mes adversaires réunis en essaim
Provoquent des remous qu’habilement j’évite.

Mais, j’eus la folle idée de vouloir décoller
Du bord d’un abyssal et fameux précipice
Et l’aigle (aux doigts unis) venant de s’envoler
Me souffla de choisir un loisir plus propice.

(Le vol qui prend les airs est étranger à l’homme
Qui préfère celui accordant du crédit
Au doigt long et crochu qui agrippe la somme
D’un trésor enfoui dans un lieu inédit)

Je suis fier d’être aussi muni qu’un palmipède
Et je sais cancaner aussi bien qu’un canard.
Le bipède en piscine ou sur vélocipède
Me jalouse avec sa paluche et son panard.

Académiquement, je ne suis pas palmé
Ni tressé de lauriers au pourtour de la tête
Mais mes extrémités n’auront jamais calmé
Ma gaieté de snober le gant et la chaussette.