Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean L INFONTE

Merlin, l'ange et l'elfe

Le vieux Monde de Merlin allait mourir.

« Allons, se dit-il, j’ai bien le temps de partir
Pour ces îles lointaines qu’annonce Zéphyr,
Coursier des Dieux, docile à leurs plaisirs.
Les runes m’ont parlé du marin château d’Ys,
De ces peuples barbares qui me maudissent.
Les Celtes un peu plus chaque jour subissent
De Rome la poigne civilisatrice.
Jadis, ils révéraient des statues d’empereur,
Puis pour soigner leurs peines et calmer leurs peurs,
Ils construisirent de splendides églises.
Mes chants sacrés n’y étaient lors plus de mise.

Mon vieux Monde las va bientôt mourir.

Allons, se dit-il, j’ai mes chants et ma lyre,
Dans mon cœur, intacts, siègent tous mes désirs,
Ces idoles ne sont que statues de cire.
Les runes m’ont parlé de cette île d’Ice,
L’Islande où les landes enneigées reverdissent,
Où des enfants blonds et sauvages grandissent,
Oublieux de cette Rome impératrice.
Cette étoile au zénith de Merlin va pâlir.
Le miroir des fées déjà vient de se ternir,
Les pages des grimoires vont se racornir,
Mon image dans les mémoires va pourrir. «

Dans un râle de rage, Merlin va partir.

Il convie les ruisseaux, les rivières,
Les forêts, les sources et même les pierres.
Il assemble au rivage là tous ces songes
Et dans leurs yeux sans vie les siens il plonge.
Lors la troupe immense des elfes et des fées,
Ses fidèles premiers, veulent embarquer,
Le suivre en silence pour ce monde quitter
Et de l’autre côté du miroir l’escorter.
Les anges, nouveaux maîtres, du ciel accourus
Les supplient de rester mais c’est peine perdue.
Ils ont beau de leur chœur leur chanter leurs vertus
Les elfes disparaissent dans des barques ventrues.

L’exode achevé, il reste sur les plages
A côté de Merlin sur sa crosse appuyé,
Un ange qui retient sur son cœur sage
L’ombre d’une elfe, une larme essuyée.

Elfe s’en est allée
Elle pleure doucement
Elle l’aime mais l’avouer
Serait son châtiment.

Que dis tu ? Que c’est une fable ? Que je mens ?
Mais ne sais tu donc pas, sinistre mécréant,
Que cette histoire est vraie, que ISIS l’a chantée ?
Ferme les yeux. Il suffit de l’écouter.