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Jean L INFONTE

La mer - Troisième Chant

J’ai plongé, et de l’air dans l’eau, dans l’arc d’un saut,
L’instant s’est prolongé de deux parenthèses,
Dans la courbe tendue de mes muscles dorsaux

Privés de leurs ailes, si vaines prothèses
Que les oiseaux pêcheurs, que les poissons volant
Les oublient toujours quand, lassés d’hypothèses,

Ils rejoignent le sein des troupeaux ondulant
Du dos des grands dauphins. Après l’acouphène
D’un vol d’ange déchu, c’est le cri aveuglant

De l’eau qui sous pression pousse ses antennes
Jusqu’au creux des tympans et y vrille les sons.
Ni l’abdication des noyés obscènes

Qui laissent l’océan faire d’eux des poissons
Aux ventres retournés, ni la tentation
Des baleines bossues de lâcher en moisson

Les gerbes essoufflées de l’air sous tension,
Rien ne retient dans mon corps qui flotte
L’envie de respirer. C’est en suspension

Que j’ausculte les fonds, les surplis des grottes
Que des coraux dorés tracent en mandalas
Sur le sol de sable. Les courants grelottent

De neiges de plancton où les raies au dos plat
Font voler leur linceul. Le soleil m’appelle
Dans ses rayons brisés et leurs mille éclats.

J’ai plongé. De l’eau vers l’air, tout étincelle.