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Jean Jacques CRECHE

L'égyptienne


Le cil glisse sur l’iris,
Le songe monte et te hisse
Dans les griffes de l’ibis,
En fille de Mnémosyne.

Retour du chant du muezzin.

Sur ton front, soleil de plomb,
Le nom d’un Pharaon,
Le cartouche sur la pierre,
Cri de l’eau de la rivière,
Bue dans ta main en calice,
Tu t’étire vers l’horizon,
Vers le Nil et l’oasis,
Comme l’oiseau vers son nid.

Descente lente, étoffe de flanelle,
L’aile s’incline en son virage en ciel,
Se courbe en couleur d’arc-en-ciel,
Vers la terre que la crue renouvelle,
Où tu finis ton vol, neuve et belle.

Tu te penches sur les reflets du fleuve,
Agenouillée dans les roseaux du rivage,
Dans un mirage en marge de la plage.

Tu regardes tes yeux dans l’eau
Tes lèvres roses épousent légères,
Le reflet des courbes de ta bouche
Qui plisse la surface lisse
En cercles concentriques qui s’éloignent
Autour de la cible qui s’approche :
Tu entres dans l’eau sans faire de remous
Et disparait dans les flots, silencieuse,
Sans la moindre ride sur la surface de l’onde

Comme la lumière traverse le verre translucide du cristal

Tu te faufiles, algue fine et agile
Tu file et tu fonces gracile vers le fond
Pour fondre acidulée, argile humide, fragile,
Derrière le miroir du monde

Trois triangles d’ombres s’étirent
Derrière le soleil qui se retire
Trois étoiles, trois magnitudes
Quiétude de l’exactitude
Tu trembles dans l’eau troublée,
Sous la haute voute d’ambre de la mémoire
Plume neuve du phœnix en cendre
Tu mouilles l’ancre pour quelques mots
Tu parles du Nil pour lui !