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Jean CAELEN

Mondes lointains

Dans le dédale du marbre en cascades de jade
La pierre au couchant dans les forêts du rêve qui galvanise mon attente.
La chaleur du matin mauve où la plante a démâté dans un rire de feu
A la hampe de tulipe turquoise qui dort.
Dans le patio la charrette en attente de cet éclat de verre
Toujours prêt à donner le change sur le pont des jours.
La corbeille du crépuscule cache son soleil de verre
A la fente du ciel qui s’époumone d’impatience.
Je prends la vie par le revers de la manche et je l’entraîne dans l’espace
Là où la lumière fleurit sous tes doigts opalescents.

C’est une fine lame à couper les cigares
Qui couperait même le temps dans le sens des fumerolles
Larges brouillards qui s’épaississent de vents de sable
Dunes en mouvance et en transhumance
Dans la main qui se recroqueville de cendre.
La terre vit, la terre porte, la terre creuse son sillon
Comme une mélodie de tentures de caravanes aux plis du temps
Dans le sens de la trame, la paix du soir
Dans le sens du fil, la sollicitation de l’aube.
Au-delà, rien, l’attente éparse qui fait un rayon de lumière dans le désert.

Paradoxe de la naissance
Dédales de rues qui descendent vers la mer
Une rame, une voile et le départ derrière l’océan
Qui dit la tentation du dragon vert à l’écume blanche.
Le vent souffle, la mer gonfle et le marin se tait.
Je prends ta main, je prends tes rêves
Et je cultive ce paradoxe dans les lignes de vie des alizés
Qui là-bas vont et viennent indomptés.
C’est là-bas qu’est le rubato de la perdrix à l’automne
Qui niche encore dans les haies.
Comme des vagues sur la mer, l’écorce des arbres qui se ride
Sous le grincement des bruyères amères.
Un verre fait de ce sable rempli d’écume
A la tourterelle blanche dans les cyprès.
Le temps s’apaise, le soleil se cache derrière les sycomores
Qui s’alanguissent sous la caresse du vent.
Une pomme vient de tomber et puis une autre
Cela sent bon les confitures chaudes.

La lumière de l’automne est comme un regard intérieur.

Je suis porté par un sourire de pétale d’eau.

La terre s’ouvre à la panoplie des rêves derrière la brume du soir.

Et puis ce sera comme un long regard qui embrasera la plaine.
Un long regard fait de miel et de blé,
Un regard dans la force de l’amour qui féconde,
Puissant, sans aucune hésitation, et sauvage.