Sur le pas de la porte, à l’angle de la vie Un homme rêve et regarde les étoiles. Il froisse une lettre, il froisse un regard Dans l’irisation de cette frange d’eau Qui fragmente l’espace et le duplique à l’infini. L’oubli, l’espérance et cette attente Là sur le pas de la porte, entrer ? Sortir ? Ou marcher dans la rue et revenir ? Rien ne le prédisposait à cet instant d’attente Il n’avait aucun désir autrefois que ce rêve diffus d’être Il n’avait rien dans ses mains que ce printemps ensoleillé Qui l’a conduit ici sur le pas de cette porte. Il est à l’angle de la vie, une rue étroite Peu de passants tout est calme, ordonné, presque paisible. Elle le regarde, hésitant, rêveur, étranger Il froisse une lettre, l’a-t-il reçue ? L’a-t-il écrite ? Il froisse son propre regard qui ricoche et se perd dans cette flaque d’eau Qui est un bout de mer porté par les vents Un bout de pleurs, salés par les vagues Qui ne sont jamais descendus dans la rue Qui n’ont jamais franchi le pas de la porte. Elle s’approche, lui tend la main, il la prend. Elle l’attire vers la rue et vers la ville entourée de murs. La lettre était ce texte-ci, ces mots que vous lisez, Ni lui ni elle ne l’avaient écrite. Il l’a alors jetée. La rue s’est refermée sur eux, ils sont sortis de la ville. Ils se tiennent maintenant par la main et vont vers la mer.