Qu'elle est beuglante la mer Sans cesse en travail sur du sable nouveau Fantômes qui veillez Sur l'inquiétude des digues Faites-la taire
Si vous saviez vous qui passez ici Comme des ombres Les noires pensées nées des plissements sombres Des vagues qui meurent et renaissent sans fin
Elles nous pénètrent à notre insu Se faufilent dans les méandres de l'esprit Et nous encombrent D'amertume et d'acrimonie
Que l'on fasse silence Tout autour de nous L'axe du monde Penche dangereusement Que personne ne bouge Dieu fasse que dans le gris du ciel Les mouettes rieuses s'arrêtent en plein vol
La moindre prière nous écartèlerait Je parle donc à mi-voix Mais je devine le bruit terrible d'un train Qui s'approche Et qui va déverser Sur le quai Des centaines de bipèdes pressés Qui vocifèrent comme des forcenés Ou comme ces vaches qu'on mène En fin de semaine Aux abattoirs