A grandes lampées J’ai bu ses paroles Prêtes à déborder D’une coupe en cristal Du Val Saint-Lambert
Alors du monde Tous les mystères Se sont secrètement unis Pour me labourer l’âme A l’envi Et sous mes yeux naquit Un monde nouveau
Il me fut ainsi donné à voir Derrière les portes de ma raison Et les barrières de ma mémoire Une limace bronzée Une selle de cheval Sans l’animal Mais pourvue d’un cavalier Qui jouait à faire semblant De chevaucher Un équidé vivant Je vis aussi des roses Nues de la tête au pied Dont les feuilles et les épines Flottaient en l’air Comme des papillons Je vis des anges très ordinaires Des fées Des génies Des démons Puis surgissant au centre D’une épaisse fumée Un cube immense qui flottait En l’air et que surmontait Une tiare papale
Le ciel qui m’entourait virait au vert Tendre des prés Et sans fournir le moindre effort Tout en moi-même devenait clair Et transparent Comme mon verre de cristal Ou comme le coeur d’un enfant